MANGE TES MORTS

30'29 / 2011 / english subtitles
Réalisé au sein de la résidence Film Flamme, Centre de recherches cinématographiques, Polygone Etoilé, Marseille. 





Par profondeurdechamps | Publié le 1 juillet 2013
Quentin Le Goff

FR - Mange tes morts, comme son nom l’indique, est déjà moins léger. Le film d’Amélie Derlon Cordina prend place à Marseille. Il s’ouvre sur le bordel d’un appartement, celui d’un jeune type amorphe, que l’on vient embrasser dans son fauteuil avant de le laisser seul, emmitouflé dans une couverture bleue. Dans un autre appartement, on assiste aux préparatifs d’une fête. Tout se fait dans une absence de paroles. A l’heure de la soirée, une fille ouvre la porte : une trentaine de personnes entrent en file indienne, silencieux eux aussi, parmi lesquels le type du début ; la jeune fille répète inlassablement à chacun d’enlever ses chaussures. Une tête d’éléphant, un casque d’escrime, un sac en papier marron… Tout le monde est masqué, la fête peut commencer. Un travelling en caméra portée suit une fille dans l’appartement, jusqu’à une pièce plongée dans le noir où l’on danse en transe, à demi vêtu. Au petit matin, le type rentre chez lui ; un travelling à la grue impeccable suit sa descente depuis une échelle jusqu’à son balcon. Il se rendort dans son bordel. Le film, à la limite de l’expérimental, parvient à rejoindre la fiction à travers ce personnage masculin dépressif et le récit de sa journée. Un vide se dessine. Les cadrages, larges et composés (dans leur bordel), la lumière, toujours précise et pourtant si libre, soulignent le poids d’un monde où les personnages mutiques semblent tous habités par un spleen invisible. Un film beau et surprenant, peut-être la plus grande découverte du festival.

ENG - "Eat your dead" takes place in Marseille. It opens with the image of a giant mess in an apartment of a young amorphous type. Some people give him a kiss before leaving him all alone, wrapped in a blue blanket sitting in his chair. In another apartment, we attend the preparations for a party. Everything is done with the absence of words. When the evening is about to start, a girl opens the door: about thirty people enter, silently, one by one, among which the previous character. The girl endlessly repeats to everyone to take off his shoes. An elephant head, a fencing helmet, a brown paper bag... Now that everyone is masked, the party can begin. A tracking shot follows a girl in the apartment, to a room dipped in the dark where we dance in a trance, half-dressed. In the early morning, the first protagonist goes home; a travelling shot with the impeccable movement follows his descent from a ladder to his balcony. He goes back to his messy place. The film, at the limit of the experimental, manages to reach the fiction through this male depressive character and the story of this particular day. A void is emerging. The frame, large and composed (in their mess), the light, always precise and yet so free, underline the weight of a world where the mute characters seem all inhabited by an invisible spleen. A beautiful and surprising film, perhaps the biggest discovery of the festival.



Crédits
Réalisation : Amélie Derlon Cordina
Textes : Onuma Nemon
Musique originale : Richard Pinhas 
Assistants : Benoît Seiller, Theodor Vodenitcharov
Chef Opérateur : Camille Buti
Image : Camille Buti, Damien L'Herbon de Lussas, Amélie Derlon Cordina
Assistants image : Philippe Mace, Florent Gardon
Ingénieur son : Hadrien Bayard
Montage : Dania Reymond / Amélie Derlon Cordina
Costumes : Sabrina Noiraux
Scénographie : Jeff Garraud
Etalonnage : Maxime Furher 

avec Aurélien Lemonnier, Mélodie Duchesne, Maïka Saworski, Emilie Gal, Marilou Bordes, Marie Passarelli, Sabrina Noiraux, Pauline Derlon... 

Projections : 
Cinéma Aventure, Trois courts métrages de Amélie Derlon Cordina, Bruxelles, 2015
Ciné 104, avant-première des SUPPLIANTES suivi de MANGE TES MORTS, Pantin, 2013, 2013
COTE COURT 2013, compétition fiction, Pantin
Festival ZINEBI 2013, Bilbao
FID MARSEILLE 2012, Galeries Où
Nuit des musées, MAC de Marseille, 2012 
Printemps d'art contemporain, MAC de Marseille 2012
Résonances Biennale de Lyon 2011, To hug a snake